BATTERIE À PLAT ? ET SI C’ÉTAIT LE BURN-OUT ?
« To burn out » signifie « se consumer ». Mentalement, physiquement. Cet état de souffrance lié au milieu professionnel impacte particulièrement les quinquas. Surcharge de travail, objectifs irréalisables, manque de reconnaissance, stress. Le craquage est imminent ? Posez-vous !
Sommes-nous nombreux à souffrir de burn-out en Belgique ? D’après l’INAMI, près de 80.000 personnes ont ce sentiment d’être à bout de force, et les cas ont doublé depuis 2007… L’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail dresse un même constat : le stress serait en effet le deuxième problème de santé le plus répandu dans le monde du travail. C’est dire si cette maladie psychosociale est devenue un problème de santé publique majeur ! Tant, qu’en avril 2014, apparaissait au Moniteur belge une nouvelle loi relative à la notion de demande d’intervention psychosociale individuelle, comprenez le « burn-out », qui invite d’ailleurs les patrons à réfléchir aux conditions de stress au travail. Mais au fait, comment savoir si on est en burn-out ?
Méfiez-vous des premiers signes ...
D’emblée une petite mise au point : la dépression est un trouble de l'humeur, le burn-out, une forme aigüe de surmenage lié (principalement) au travail. Il existe des signes physiologiques facilement identifiables qui doivent vous alerter d’un craquage imminent. Le premier, c’est une fatigue intense, une incapacité à l’effort, un réel sentiment d’épuisement à la fin de la journée, jusqu’à ce matin où même s’habiller devient trop pénible ! Le corps dit stop ! La mémoire aussi ‘bug’ : le stress augmente en effet la production de cortisol, l’hormone du stress, qui est nocive pour l’hippocampe, le chef d’orchestre du cerveau. D’autres symptômes (on en a relevé 176 !) devraient également vous alarmer : maux de tête, de dos, douleurs musculaires, problèmes de digestion, irritation, anxiété, dépression, etc. Le traitement du burn-out passe le plus souvent par un arrêt de travail, entre six mois et un an, avant une réinsertion professionnelle si possible progressive (passer à 4/5, apprendre à déléguer, etc.). Sans arrêt de travail, vous prenez le risque d’entrer dans un cercle vicieux de fatigue chronique – méfiance !
Les quinquas moins solides ?
A 50 ans, le corps commence à peiner, le cerveau à « bugger » - on vous rassure, on est tous dans la même galère ! Même en s’imposant une vraie hygiène de vie (sport, pas ou peu d’excès…), on récupère plus lentement en vieillissant, on est plus sensible au stress, aux décalages horaires, aux incessants voyages d’affaires. Être quinqua aujourd’hui en Belgique, c’est avoir traversé un demi-siècle en sachant qu’il faudra travailler toujours plus longtemps, sans pouvoir lever le pied. Faut-il rappeler qu’en 2025 la pension sera relevée à 66 ans ? Si on en croit le BeSwic, le Centre de connaissance belge sur le bien-être au travail, « tout porte à croire que le travail a un effet positif pour la santé physique et mentale, à condition de bénéficier de conditions de travail adéquates. » Bref, dans un monde idéal, il faudrait être bien sur son lieu de travail même après 50 ans. Dans un monde idéal…
Le modèle de la performance pointé du doigt !
Le burn-out ? « Un épuisement résultant du manque (prolongé) de réciprocité entre l’investissement et ce qui est reçu en retour. Cet épuisement a un impact sur le contrôle des émotions et des cognitions, ce qui provoque aussi des changements dans les comportements et les attitudes (prise de distance), et résulte en un sentiment d’inefficacité professionnelle », c’est le Conseil Supérieur de la Santé belge qui l’affirme avant d’ajouter : « il faudrait d’abord réfléchir à un changement dans le modèle de société (modèle de la performance), auquel le burn-out est largement lié. »
Mieux vaut prévenir que guérir
Dans notre société, personne n’est à l’abri d'un burn-out. Il semblerait même que les plus performants soient les plus vulnérables. Traduction : les plus perfectionnistes, les plus surinvestis dans leur travail risquent en effet de voir la corde casser à tout moment. Comment gérez-vous le manque de reconnaissance dont vous êtes peut-être victime, vos conditions de travail difficiles, les restructurations permanentes dans votre secteur, les jeunes loups qui montent, les nouvelles technologies qui vous échappent ? Posez-vous la question : pourrez-vous garder le même rythme de travail jusqu’à la pension ? Une chose est sûre : pour ne pas craquer, il faut savoir mettre ses limites, savoir dire non ! Et, plus globalement, on vous invite à vous interroger sur les priorités que vous voulez donner à cette deuxième moitié de vie. Avec l’âge, on le sait, l’idéal à réaliser évolue. Quel est (désormais) le vôtre ? Bonne réflexion.